Santé de Base


L’idée de la mise en place d’infrastructure communautaire de base pour les premiers soins médicaux en cas de d’accident ou en cas de certaines maladies contagieuses (telles que la varicelle, la variole, la coqueluche, le choléra et autres) dans le village d’Agu-Kebo-Toé a commencé timidement dans les années 1940, quand l’Administration coloniale française a brutalement imposé aux Populations togolaises leur contribution à l’effort de guerre durant la Deuxième Guerre Mondiale (de 1939 à 1945).
En effet, les corvées de collecte de caoutchouc et de production d’huile de palme que l’oppresseur colonial français a ajouté dès 1940 aux rudes travaux forcés déjà imposés aux Populations dès le début de l’invasion coloniale allemande a considérablement détérioré les conditions de vie de celles-ci à travers la recrudescence des des maladies précitées et a entraîné par ailleurs la recrudescence des accidents de travail sous forme de blessures graves sur les chantiers et sur les plantations ainsi que de morsures de serpents qui exigeaient toujours des premiers soins rapides.
Les évacuations sanitaires vers l’Hôpital Bethesda d’Agu-Nyɔgbo (ouvert par des missionnaires allemands de la Norddeutsche Missionsgesellschaft depuis l’époque coloniale allemande) se faisaient par transport en hamac sur des sentiers montagneux très escarpés et dangereux par endroits reliant le village d’Agu-Kebo-Toé à Agu-Nyɔgbo en passant par Agu-Kebo-Kpeta.
C’est ainsi que l’Administration coloniale française accéda à la demande de la Chefferie coutumière villageoise de fournir à la Population un minimum de matériels médicaux de premiers soins sans lui fournir le Personnel soignant et traitant (qui reviendrait trop cher au colon français!) et sans songer à faire construire un centre de santé rudimentaire.
Des Bonnes Volontés au sein de la Population villageoise ont donc accepté de mettre à disposition un local qui doit servir de Case de Santé ainsi que leur Savoir-faire médical appris sur le tas pour que les premiers soins puissent commencer à être donnés aux gens sur place.
C’est ainsi que Monsieur Isaac AGBODO (l’un des Initiateurs du Comité Villageois de Développement sous sa forme première) accepta de mettre une partie de son habitation à disposition pour en faire la Case de Santé villageoise et Madame TSRIKU (alias Komlanɔ) accepta de mettre à disposition son Savoir-faire médical en tant qu’Accoucheuse formée sur le tas pour commencer à donner aux gens les premiers soins depuis les années 1950.
Face à la nécessité de plus en plus croissante de construire une véritable Case de Santé villageoise, la Chefferie coutumière sous la houlette de Tɔgbui ABƆƉI organisa une large levée de fonds parmi les Natifs du village (aussi bien parmi ceux restés au bercail que ceux qui vivaient à Lomé ou ailleurs) afin de pouvoir acheter les matériaux de construction nécessaires (ciment, tôles ondulées, fer à béton, fil de fer, pointes, chaux vive, etc.).
Le Comité Villageois de Développement (connu à l’époque sous l’appellation de «Dunenyoha» et piloté par Monsieur Isaac AGBODO) fit organiser dans le cadre des Travaux Communautaires l’extraction de sable dans le lit de la rivière Gbí (allant vers le village de Gadza-Ʋukpé) et la fabrication sur place de parpaings qui sont ensuite acheminés par la tête au village en vue de faire démarrer les travaux de construction au milieu des années 1960.
La Politique de Développement à la Base initiée plus tôt par le Gouvernement de Feu Sylvanus Olympio et reprise vaille que vaille par les Gouvernements subséquents (de Nicolas Grunitzky et d’Eyadéma Gnassingbé)a permi entre-temps d’affecter à ce petit Centre de Santé en gestation une Infirmière-Accoucheuse (originaire d’Agu-Klonu).
La Case de Santé villageoise est devenue opérationnelle avec des moyens rudimentaires à partir de 1975/1976 sous l’appellation de «Petite et Moyenne Infirmerie» (PMI), quand bien même lits et autres équipements de base faisaient (et font d’ailleurs toujours!) crucialement défaut.
L’Infirmier d’État Seth AFIA natif d’Agu-Kebo-Dalavé soutient plus tard à temps partiel l’Infirmière-Accoucheuse pour s’occuper des patients.
Sous l’impulsion discrète de Messieurs Dovi Prosper SAMKLU (résidant en Allemagne) et (Feu) Kwamivi Livingstone AGBOBLI (Cadre commercial de la compagnie UAC à l’époque), la «Petite et Moyenne Infirmerie» d’Agu-Kebo-Toé reçoit au début des années 2000 une électrification embryonnaire au moyen de l’Énergie solaire.
On peut retenir de cette brève présentation que cette «Petite et Moyenne Infirmerie» pour les Communautés villageoises d’Agu-Kebo-Toé et de ses environs a vu le jour suite à la mobilisation citoyenne et communautaire en vue de relever un Défi communautaire précis en matière de Développement. Elle n’a pas vu le jour selon le seul bon vouloir du gouvernement national trop préoccupé par l’enrichissement rapide de ses membres et thuriféraires à travers des projets opaques de Santé de Base au profit des Populations. Elle n’a pas vu non plus le jour selon l’agenda d’une quelconque organisation caritative étrangère qui n’est que la plupart temps le prolongement de certaines compagnies multi-nationales prédatrices qui détruisent cyniquement les bases écologiques et vitales des Populations rurales dans les pays africains.


© K. Kofi FOLIKPO, PYRAMID OF YEƲE, 2018 – 2019. Tous Droits réservés.