Comité villageois de Développement (CVD)

  • Travaux communautaires pilotés par le CVD Agu-Kebo-Toe en 2015.
    (Crédit: Comité Villageois de Développement d'Agu-Kebo-Toe)

Les recoupements d’informations sur la genèse du Comité Villageois de Développement (CVD) d’Agu-Kebo-Toé et sur son cheminement jusqu’aujourd’hui permettent de comprendre que l’ancrage de cette Institution dans la vie communautaire depuis plusieurs décennies et ses réalisations encourageantes sont à attribuer d’une part au choc violent provoqué par l’invasion coloniale brutale (allemande et française), et d’autre part à la Capacité d’Adaptation rapide et à la Capacité d’Inventivité organisationnelle de la Population de ce Terroir.
En effet, l’avènement de la colonisation allemande brutale dès 1885/1886 a donné lieu à une Formalisation quasi-institutionnelle des travaux communautaires au profit prioritaire de l’envahisseur colonial. Cette Formalisation forcée qui avait débuté sous les caractéristiques de «Zwangsarbeiten» (travaux forcés) brutalement imposés par l’Administration coloniale allemande naissante aux communautés villageoises pour faire construire les routes carrossables, les lignes de chemins de fer et les édifices publics dans les chef-lieux de districts (les «Bezirke») s’est poursuivie sous la colonisation française de manière encore plus violente à travers des levées spontanées de contingents faites dans les villages par les violents Commandants de cercles français sous la brutalité inouïe des Garde-cercle nègres généralement illéttrés et alcooliques qui déversaient leur hargne sur les pauvres populations et faisaient fuir certains habitants vers des cieux plus cléments (en l’occurence vers la colonie britannique de la Gold Coast).
C’est donc dans ce contexte colonial que le village d’Agu-Kebo-Toé a connu un Détournement extraverti de ses travaux communautaires pour se voir imposer la réfection et l’entretien régulier du tronçon dénommé «Tokúɖome» au niveau de Glekɔʄe et Amuzukɔʄe sur la route Lomé-Kpalimé.
On peut aisément comprendre de tout ce qui précède que la Formalisation quasi-institutionnelle des travaux communautaires a eu lieu à cette époque certes, mais l’idée de travaux communautaires pour la construction d’infrastructures (latrines, ponts, routes et pistes rurales, ruelles, aménagement de points d’eau, des cours d’eau, des adductions d’eau etc.), pour la salubrité publique (nettoyage des lieux publics, enlèvement des animaux domestiques en divagation, etc) ou pour soutenir certaines Institutions coutumières telles que la Chefferie coutumière (travaux champêtres au profit du Chef coutumier, de ses collaborateurs et de certains «Dumegã») n’a pas vu le jour en Pays Eʋe avec l’avènement de la colonisation allemande brutale suivie de la colonisation française violente et dévastatrice.
La prise de fonction du nouveau Chef coutumier fraîchement intronisé sous le Nom de Titulature de Tɔgbui ABƆƉI dans les années 1938/1939 va permettre de recentrer cette Formalisation institutionnelle des travaux communautaires sur la construction et l’entretien des infrastructures directement profitables à la Communauté villageoise. En effet ce nouveau Chef coutumier très nationaliste, très dynamique et très visionnaire estimait que les travaux communautaires devraient viser prioritairement les besoins de la Communauté villageoise et que celle-ci ne devrait pas attendre que l’intitiative vienne du Commandant de cercle blanc.
C’est ainsi que Tɔgbui ABƆƉI et ses collaborateurs eurent l’idée de mettre en place une Institution citoyenne nouvelle dénommée «Dunenyoha» (ce qui signifie littéralement en français «Regroupement pour l’Avancement communautaire») aux côtés de la Chefferie coutumière. Cette Institution citoyenne et communautaire mobilisait non seulement les habitants résidant au village, mais aussi les Natifs et Ressortissants vivant principalement à Lomé.

Photo de Famille lors de la Fondation de l’Association citoyenne « Dunenyoha » (Crédit: J. Koffi GBLOKPO)

Dumegã Fridolin WULEME (dit «Matsi-tɔ»), Premier Délégué du «Dunenyoha» à la tête des Natifs d’Agu-Kebo-Toé résidant à Lomé (Crédit Photo: Kokou Sewonou WULEME).

Le premier Président du «Dunenyoha» d’Agu-Kebo-Toé fut Monsieur Isaac AGBODO (dit Esɛ-tɔ) très connu pour son habileté à rassembler et à motiver les gens autour des initiatives précises.
Et le premier Delégué du «Dunenyoha» à la tête des Ressortissants d’Agu-Kebo-Toé résidant à Lomé fut Monsieur Fridolin WULEME (alias Matsi-tɔ) qui travaillait comme Chef d’Équipe aux Chemins de Fer du Togo (CFT).
Les réalisations d’envergure à l’actif de cette nouvelle Institution communautaire sous ces premiers Dirigeants dès les années 1945/1946 sont entre autres:

  • la construction à la main d’un tronçon routier d’environ 3 kilomètres à partir de l’emplacement dénommé « Gonthier-Todzi »; cette oeuvre sera finalisée plus tard dès 1961 au buldozer sur l’initiative de Monsieur Samuel KLU (alias SAMKLU), un Cadre du Parti nationaliste CUT (Comité de l’Unité Togolaise), Natif du Terroir devenu Commandant de Cercle (aujourd’hui Préfet);
  • la construction à la main de 3 salles de classe supplémentaires avec les matériaux locaux (briques en terre, paille, etc.) pour forcer la main à l’Administration coloniale française d’ouvrir de nouveau l’école primaire fermée afin de faire du chantage face à l’engagement nationaliste de Tɔgbui ABƆƉI dans le CUT;
  • l’agrandissement de la chapelle de l’église évangélique du village et la construction d’un logement gratuit pour un prédicateur (pasteur ou cathéchiste) et sa famille;
  • la fabrication de parpaings en ciment sur les bords du cours d’eau « Gbí » (riche en sable fin) dans la vallée, leur transport à la tête jusqu’à Kebo-Toé pour le démarrage des travaux de construction de l’actuel Centre de Santé dans les années 1968/1969.

Le mandat du Bureau Exécutif dirigé par Isaac AGBODO sera suivi à partir des années 1976/1977 par celui de Monsieur Z. AMEGOLO, pendant que Monsieur Vincent DOBU présidait l’Amicale des Ressortissants d’Agu-Kebo-Toé à Lomé.

Les activités du Comité Villageois de Développement ont connu un ralentissement entre les années 1990 jusqu’aux années 2000 en raison de l’exode rural ayant touché une bonne partie de la population et en raison des troubles socio-politiques que le Togo a connu durant cette période.

Monsieur Timothée Kokou Sewonou WULEME, Président du Comité Villageois de Développement d’Agu-Kebo-Toé en Fonction, et Conseiller Municipal de la Commune Agou 1.

Elles ont connu une redynamisation remarquable à partir de 2007 lorsque Monsieur Thimothée Kokou Sewonou WULEME est revenu d’exil en 2006.  En effet, la Chefferie coutumière devenue incomplète ne parvenait plus à mobiliser efficacement les Natifs de Toé résidant à Lomé et à l’étranger pour perpétuer l’ardeur qui animait les activités de Développement centrées sur la communauté villageoise.

(Travail en cours …)