Assemblée populaire villageoise

Vue partielle d’une Assemblée populaire villageoise (Hɔnu) à Agu-Kebo-Toé.

La Démocratie participative ancestrale multi-millénaire du Peuple Eʋe à l’instar des autres Peuples Africains a toujours réservé une place importante et incontournable à l’Assemblée populaire villageoise (Hɔnu) que les idéologues euro-centristes falsificateurs et malhonnêtes ont souvent tenté de qualifier avec l’expression péjorative d’ « arbre à palabres » (sic).
S’il est vrai qu’une telle Assemblée populaire villageoise (Hɔnu) est essentiellement caractérisée par la Liberté de Parole dans la courtoisie devant le Public pour tout Membre de la Communauté sur le Thème de discussion exposé, il est très important de souligner qu’il s’agit d’une Institution assumant avant tout la Fonction d’un Organe consultatif incontournable dans la gestion des affaires de la communauté. De ce fait, la Prise de Parole durant cette Assemblée est strictement réglémentée par le Principe fondamental ancestral de la Communication triadique dans laquelle le « Ganua » (ou  » Gaɖola« ) joue un rôle central de régulation. Cette Assemblée est guidée pour cette raison par la Recherche du Consensus.
La prise de la Parole est certes libre et ouverte à tout le monde, mais elle est régie par certaines règles élémentaires de bienséances pour des échanges sereins et constructifs.
La première règle stipule que les mineurs n’ont droit à la parole devant l’Assemblée populaire villageoise que s’ils sont directement interpellés sur un sujet précis et leur prise de la parole n’intervient que sur l’accord de leurs parents.
La deuxième règle stipule qu’il ne faut pas écarter de facto les propos des malades mentaux sur les sujets de discussion, car ils contiennent souvent des vérités ou des solutions praticables.
Les sujets habituellement discutés devant l’Assemblée populaire villageoise (Hɔnu) relèvent de trois grandes catégories:

  1. les Procès judiciaires liés à l’atteinte à la Vie humaine (crime de sang, envoûtement avéré, empoisonnement, avortement délibéré sans que la préservation de la santé maternelle n’en soit le motif, menace de mort, etc.);
  2. les questions importantes relatives à la construction ou à l’entretien des infrastructures communautaires (entretien des routes, pistes, ruelles et sentiers, aménagement des points d’eau et des voies d’eau, salubrité publique, construction ou entretien des bâtiments scolaires ou médico-sociaux, etc.);
  3. les interactions avec les autorités préfectorales et gouvernementales ainsi qu’avec les communautés voisines sur des questions d’intérêt régional ou national (recensement général de la population, campagne de dépistage de pandémies ou de vaccination, protection de l’environnement, etc.).

Les décisions de l’Assemblée populaire villageoise (Hɔnu) ne sont pas prises seulement en fonction de l’opinion majoritaire exprimée sur un sujet, mais aussi et surtout en fonction de la Pertinence et de la Faisabilité des avis et propositions formulés.
C’est justement sur ce point qu’on estime à juste titre que l’Assemblée populaire villageoise (Hɔnu) dans la société Eʋe ne prend pas ses décisions à main levée (comme c’est le cas dans les sociétés occidentales où l’on mise plus sur le nombre que sur la qualité des avis et idées). Ces décisions sont prises plutôt par consensus, comme cela a été déjà évoqué.
S’il est vrai que c’est la Chefferie coutumière (Fiaɖuʄe/Fiaha) qui pilote l’Assemblée populaire villageoise (Hɔnu), il est essentiel de souligner que les «Dumegã» peuvent aussi initier auprès des membres de la Chefferie coutumière sa convocation.
On peut retenir de tout précède que l’Assemblée populaire villageoise (Hɔnu) est l’illustration vivante de la Démocratie participative ancestrale dans laquelle les mécanismes de Pouvoirs et de Contre-Pouvoirs sont appliqués à tous les niveaux en vue de préserver l’Harmonie sociale.


© K. Kofi FOLIKPO, PYRAMID OF YEƲE, 2019. Tous Droits réservés.