Gestion des Ressources forestières

 

La Protection et la Préservation pérenne des ressources forestières et florales demeurent vitales et essentielles pour toutes les activités socio-économiques et pour la survie communautaire. L’équilibre écologique a toujours été donc un pilier fondamental dans la Politique endogène de la Gestion des Ressources forestières.
En effet, les techniques agricoles endogènes et les méthodes culturales endogènes ne tenaient pas seulement compte de la Fertilité des Sols, mais aussi et surtout des conditions nécessaires pour une Pluviosité régulière.


Les essences florales et forestières qui sont au coeur de ces conditions de Pluviosité régulière ont été toujours entourées aussi d’ Interdits rigoureux, à l’instar des ressources hydrauliques.
C’est ainsi qu’il était strictement interdit dan le Terroir du Mont Agu bien avant l’avènement de l’époque coloniale allemande:

  • d’ abattre certaines essences forestières géantes (parce qu’elles favorisent la condensation de l’air atmosphérique);
  • de mettre le feu à certaines touffes florales sur une large étendue de domaines fonciers (parce qu’elles favorisent l’absorption quantitative du gaz carbonique dans l’atmosphère à travers la synthèse chlorophyllienne et parce qu’elles favorisent la formation de l’humus nécessaire pour la gestation des forêts);
  • de défricher certaines forêts sur certains versants et cimes de la montagne (parce qu’elles favorisent le refroidissement du vent nécessaire pour la formation des nuages pluvieux);
  • de pratiquer en permanence et sans assolement le même type de culture sur les versants pendant des années (au risque de ne pas laisser la végétation se régénerer).

Conscientes du degré de compréhension très bas de l’immense majorité de la Population pour ces questions écologiques très complexes, les Autorités coutumières faisaient passer également tout ceci pour des Interdits « religieux » ou « spirituels » (ayant donc force de Loi comme cela est de coutume dans le domaine cultuel et spirituel), alors qu’il s’agit en réalité de Lois naturelles et scientifiquement démontrables qui gouvernent l’ Équilibre écologique et la Regénerescence cyclique d’un écosystème.
Ces Interdits avaient conduit déjà à l’époque pré-coloniale à l’émergence des Forêts sacrées (connues sous l’appellation d’ Avégbégbé en Eʋegbe) dans le Terroir du Mont Agu, bien avant l’initiative de création de la Forêt classée de Haho-Baloué aux sources des Fleuves Ziɔ et Haho sur les versants-est du Mont Agu par l’Administration coloniale allemande à partir des années 1901/1902.
La destruction massive et inquiétante des ressources florales et forestières dans le Terroir du Mont Agu a commencé à partir du début du 20e siècle de notre ère avec l’encouragement de la population par l’Administration coloniale (allemande, puis française) à pratiquer de façon extensive la mono-culture des produits de rente tels que le Café et le Cacao destinés à l’exportation.
A cet aspect purement socio-économique s’ajoutaient les conséquences psychologiques néfastes d’un grave lavage de cerveau à travers la « christianisation » qui faisait croire naïvement aux gens que les Interdits relatifs aux Forêts sacrées et à certaines Essences forestières relevaient des « croyances sataniques » (sic!) et des « superstitions » (sic!)
C’est ainsi que de nombreuses Forêts sacrées d’antan ont été violemment détruites pour faire place à des plantations extensives de mono-culture du cacao et du café que la Population n’est pas en mesure de consommer directement pour satisfaire ses besoins alimentaires et dont le prix d’achat dépend des humeurs des spéculateurs cupides occidentaux!
S’il est vrai qu’il y a aujourd’hui une prise de conscience timide du désatre écologique causé dans ce Terroir au fil des générations à travers la destruction massive des forêts naturelles en vue de trouver de l’espace pour les cultures de rente destinées essentiellement à l’exportation et s’il est vrai que l’État Togolais tente de limiter sur le tard les dégâts en renforçant les mesures repressives en matière d’abattage des arbres, il faudra introduire davantage des mesures incitatives et attractives de Reboisement à large échelle au sein de la population (à travers la revalorisation et le subventionnement raisonnable de la sylviculture par exemple) et intensifier l’action socio-pédagogique pour faire restaurer durablement les précieuses ressources florales et forestières de ce Terroir.

Campagne de Reboisement des rives des Cours d’eau potable Kɔlɛ et Fligbo sur le Mont Agu en 2020 sur initiative de l’ONG CABATA et des Communautés villageoises de Kebo-Sud.


© K. Kofi FOLIKPO, PYRAMID OF YEƲE, 2018 – 2021. Tous Droits réservés.