La Guerre de l’Eau des Toéens contre les Colons allemands

   Cette Publication est dédiée à:

Tɔgbui AGBODO

Guidiii!»)

Tɔgbui AKƆTSU

(dit «Agblemegã»)

Tɔgbui FOLIKPO

Aɖiwɔnu Avɔnyo!»)

Tɔgbui KPLAKO

Tɔgbui KUDA

(dit «Sikatɔ»)

Tɔgbui MƆGA

Quand les envahisseurs coloniaux allemands étaient arrivés dans le Terroir d’Agu, leur objectif premier avait été de faire main basse sur Trois Ressources vitales:

  1. Les Terres agricoles très fertiles des versants et des vallées du Mont Agu;
  2. Les Ressources minières dans le Sous-Sol de ces Terres;
  3. Les Sources d’Eau douce et les Nappes phréatiques.

Ils n’avaient pas exclu la nécessité d’exterminer la Population par diverses méthodes pour atteindre cet objectif, comme cela avait été malheureusement le cas avec les Herero dans la colonie allemande du Sud-Ouest-Africain (devenu Namibie).

Le Mont Agu et ses vallées environnantes qui sont très riches en toutes ces Ressources très vitales avait donc été très tôt la cible de cette convoitise.

Les Travaux de Recherches sur le Terrain menés par le Géologue allemand Willi Koert dès les années 1892/1893 et complétés plus tard par ceux du Géographe autrichien Oskar Baumann dès 1896 avaient prouvé que les Sources d’Eau douce sur le Mont Agu et dans ses vallées constituent l’Élément vital incontournable pour tout le Sud-Togo.

Voilà pourquoi ces envahisseurs coloniaux avaient eu l’arrogance et l’outrecuidance de rebaptiser le Mont Agu avec l’appellation exotique de «Pic Baumann», en l’honneur de ce Géographe autrichien (voir les Photos ci-après):

Le Colon Oskar Baumann dans sa somptueuse résidence privée en 1896 en Afrique, avec Domestiques et Gardes africains (Crédit: https://austria-forum.org ) Oskar Baumann devenu Consul de l’Autriche sur l’île de Zanzibar, après son séjour dans la colonie allemande du Togo (Crédit: https://austria-forum.org )

N’eût été une Lettre très virulente qui a été adressée à Eyadéma GNASSINGBÉ en 1975 par Kwasigã Epiphane Dusi FOLIKPO (Père de l’Auteur du présent Travail) et qui coïncidait avec la « Politique d’Authenticité » (sic!) du jeune Tyran togolais, l’appellation « Pic Baumann » n’aurait pas été changée sur les Cartes géographiques établies jusque là en France par l’Institut Géographique National (IGN) pour revenir à l’ancienne appellation.

Ces Chercheurs allemands avaient donc consigné par écrit que non seulement les Fleuves Ziɔ et Haho prennent leur Source dans le Mont Agu, mais ils avaient souligné aussi que les vallées environnantes sont d’importants réservoirs de nappes phréatiques.

Ils avaient souligné par ailleurs que les hauteurs connues jusqu’aujourd’hui sous l’appellation de «Kɔlɛta» (ou «Kɔlɔɛta» par déformation phonétique) et de «Kɔtɔ-Blí-me» sur le Mont Agu sont un Réservoir quasi-intarissable d’Eau douce et le seront encore longtemps tant que les Forêts tropicales sur la montagne, le long des cours d’eau et dans ses vallées ne sont pas détruites.

Voilà pourquoi l’homme d’affaires allemand Hugo Sholto Oskar Georg von Douglas (en forme courte Sholto Douglas) avait décidé de s’accaparer frauduleusement non seulement des vastes Terres fertiles dans les Vallées, mais aussi des Sources d’Eau douce que sont «Kɔlɛ» (ou «Kɔlɔɛ» par déformation phonétique) et «Fligbo» (ou «Flugbo» par déformation phonétique) ayant leur source dans les hauteurs du Mont Agu.

Sholto Douglas dont l’origine lointaine remonte au Clan Douglas de l’Écosse médiévale (voir les Armoiries des Douglas ci-après) était issu d’une riche Famille installée depuis des générations dans la ville allemande de Aschersleben en Prusse (voir les Armoiries de la Ville de Aschersleben ci-après):

 

Armoiries des Douglas dès l’an 1330 (Crédit: www.wikipedia.org ) Armoiries de Aschersleben, Ville natale de Sholto Douglas (Crédit: www.wikipedia.org ) Empereur de l’Allemagne et Roi de Prusse Wilhelm II. (Guillaume II en Français), grâce à qui Sholto Douglas était devenu Entrepreneur dans la Colonie allemande du Togo (Crédit: Thomas Heinrich Voigt)

Né le 19 Avril 1837 à Aschersleben et mort le 19 Avril 1912 à Berlin, Sholto Douglas était un Député dans le Parlement de la Prusse (Allemagne orientale) de 1882 jusqu’à sa mort en 1912. Entrepreneur prospère dans le domaine des Activités minières et Philanthrope bien connu dans sa Prusse natale, il doit son influence d’Entrepreneur dans les Colonies allemandes à sa Proximité avec l’Empereur allemand et Roi de Prusse Wilhelm II. (francisé Guillaume II, voir Photo ci-dessus).

Après s’être accaparé frauduleusement de plusieurs centaines d’hectares de Terres très fertiles appartenant aux Collectivités de Kebo-Toé, de Tavié et de Gadja avec l’aide des Administrateurs coloniaux allemands, Sholto Douglas décida arbitrairement de construire dès 1895 une Villa très imposante à 150 mètres environ de la confluence des deux Cours d’eau «Kɔlɛ» (ou «Kɔlɔɛ») et «Fligbo» (ou «Flugbo») sur des Terres appartenant aux Collectivités villageoises de Kebo-Toé et de Kebo-Dalavé . Les images ci-après montrent les Vestiges des Installations de Captage d’Eau douce réalisées à l’embouchure des deux Cours d’Eau, sans consultation préalable avec les Populations autochtones:

 

Vestiges des Installations de Captage des Eaux de Kɔlɛ réalisées par les Allemands pour alimentaer la Villa « Douglas Hof » jadis construite sur le site appelé aujourd’hui « Gonthier Todzi » (Crédit: Timothée Sewonou Kokou WULEME/CVD d’Agu-Kebo-Toé, Mai 2024)

 

Il baptisa sa Villa avec l’appellation «Douglas Hof» (signifiant en Français «la Ferme ou la Concession de Douglas»). Non seulement il n’avait pas du tout acquis ces Terres pour la construction de sa Villa, mais lui et les siens voulaient s’arroger aussi le droit de propriété absolue sur les Eaux douces de «Kɔlɛ» qu’ils venaient de capter pour alimenter la Villa sans concertation avec les Populations autochtones.

Et comme Sholto Douglas était lui-même toujours en voyage entre l’Europe, les Amériques et l’Afrique, il confia la gestion de sa société et de sa résidence à un Directeur Administratif appelé Otto Wöckel.

Voilà pourquoi les Citoyens de Kebo-Toé, de Kebo-Dalavé et de Kebo-Agblɔdome finirent par nommer la résidence avec l’appellation «Vekli Kɔdzi» en Eʋegbe (ce qui signifie littéralement «le Hameau ou la Concession de Vekli», par déformation phonétique de Wöckel).

Dans l’intention préméditée de chasser les Populations autochtones de leurs Terres, Otto Wöckel et ses collaborateurs voulaient même interdire à ces Populations non seulement l’accès aux Cours d’Eau «Kɔlɛ» et «Fligbo» en amont et en aval, mais aussi à d’autres Sources d’Eau douce quasi-intarissables telles que «Tɔgãtsɛ» qu’ils avaient également aménagées très soigneusement, comme les vestiges le témoignent là aussi jusqu’aujourd’hui.

C’était l’Eau très pure et très douce de «Tɔgãtsɛ» qui servait d’Eau potable non seulement à «Douglas Hof», mais aussi pour les Administrateurs coloniaux installés à Misahöhe sur les hauteurs de Kpalimé!

Les Témoignages fiables jadis recueillis par l’Auteur du présent Travail auprès des personnes ayant connu l’époque coloniale allemande qui était marquée par la Violence endémique, le Racisme, la Cruauté indicible et l’Avidité démesurée dans ce Terroir d’Agu ont attesté que des Domestiques africains venaient de Misahöhe avec des charrettes chargées de plusieurs fûts pour s’approvisionner en Eau potable de «Tɔgãtsɛ» destinée exclusivement au «Stationssleiter» (le Commandant de Cercle) et à ses proches collaborateurs européens!

Or, toute la Vie et toute l’Économie de ces Communautés installées dans ce Terroir d’Agu depuis des siècles dépendaient de ces Sources d’Eau et de ces Cours d’Eau!

Plus grave encore est le fait que le Patriarche Agbodo et le Patriarche Kuda de Kebo-Toé avaient créé une petite Unité de production d’Huile de Palme en aval des trois Cours d’Eau «Kɔlɛ», «Fligbo» et «Tɔgãtsɛ» sur le site connu jusqu’aujourd’hui sous l’appellation «Agbodo-Tokɔ» non loin du Hameau appelé «Tókɔɛ»!

Otto Wöckel et les siens voyaient sans doute dans cette petite Unité très dynamique de production artisanale d’Huile de Palme une concurrence à leur unité d’huilerie moderne que leur société «Agu Pflanzungsgesellschaft» venait de créer sur le site de l’actuelle huilerie de la SONAPH (Société Nationale des Huileries et des Palmeraies créée par l’État togolais entre les années 1967 et 1970).
Pour les colons allemands, il fallait donc tout faire pour casser cette initiative de développement économique endogène par tous les moyens!

Photo illustrative des Travaux d’extraction manuelle des Noix de Palme pour la préparation artisanale d’Huile de Palme, comme au bon vieux temps des Patriarches Agbodo et Kuda. Photo illustrative des Travaux de Production artisanale d’Huile de Palme, comme au bon vieux temps des Patriarches Agbodo et Kuda à Agbodo-Tokɔ non loin du Hameau Tókɔɛ.

 

Comme les Habitants de Kebo-Toé et de Kebo-Dalavé ne pouvaient pas vivre sans avoir accès à leurs Cours d’Eau séculaires, ils avaient royalement ignoré l’interdiction d’Otto Wöckel. Ce dernier inventa alors le prétexte farfelu que les Toéens et les Dalavéens polluaient les eaux en amont et qu’il devait envoyer ses Gardes et ses Employés pour faire respecter l’interdiction d’accès aux Cours d’eau.

Ceux-ci étaient donc envoyés pour terroriser et molester les paisibles Habitants des deux villages, mais la Riposte ne se fit pas attendre: certains de ces émissaires indélicats avaient dû fuir avec de graves blessures, d’autres devaient passer par la brousse pour rejoindre leur employeur deux jours plus tard.

Wöckel trouva un autre alibi aussi absurde que surréaliste pour démontrer sa Cruauté typiquement allemande et se venger face à la Détermination inattendue des Toéens.
C’est ainsi qu’il prétexta que certains de ses émissaires seraient portés «disparus» et auraient été tués afin qu’on puisse extraire leur «graisse» qui serait un ingrédient incontournable dans les cérémonies d’intronisation des Chefs coutumiers et des Notables, selon des informations dont il disposerait sur les Us et Coutumes Eʋe en général et sur les Toéens en particulier.

Comment Otto Wöckel qui n’avait jamais assisté aux cérémonies très fermées d’intronisation exclusivement réservées aux Mystiques (Hũnɔwo), aux Grands Prêtres et Prêtres (Nunɔawo/Nunɔlawo), aux Prêtres-Géomanciens (Bokɔwo) et aux «Amagãwo» (les Connaisseurs des Vertus spirituelles des Plantes) pouvait-il prétendre savoir qu’on aurait besoin de la «graisse humaine» pour introniser un Chef coutumier et ses Collaborateurs en Pays Eʋe?

Comment Otto Wöckel (qui était un Agronome de Formation) ne pouvait-il pas écrire un seul Article scientifique bien objectif et bien documenté sur une telle pratique et le faire publier dans les Revues scientifiques allemandes assez sérieuses de l’époque?

Comment des Chercheurs allemands assez honnêtes et assez objectifs ayant travaillé depuis le 18e siècle sur le Peuple Eʋe dans les domaines de l’Anthropologie, de la Linguistique, de la Géographie, de l’Ethnobotanique et dans bien d’autres domaines scientifiques avant l’arrivée d’Otto Wöckel en Pays Eʋe entre la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle n’avaient publié nulle part que la «graisse humaine» serait l’ingrédient incontournable dans l’intronisation des Chefs coutumiers et des Notables chez les Eʋe?

C’est donc sous ce deuxième Prétexte qu’il demanda au Commandant de Cercle d’envoyer un Détachement de la «Polizeischutztruppe» en renfort à ses propres Gardes  pour terroriser de nouveau les Habitants de Kebo-Toé.

Sans sommation, la «Polizeischutztruppe» et les Gardes de Wöckel qui arrivèrent dans le village se mirent à incendier les maisons, à défoncer les portes, à bastonner et à blesser à la baïonnette toute personne rencontrée.

 

Une Revue de Troupe de la violente «Polizeischutztruppe» dans le Togoland allemand dans les années 1910. (Crédit: www.vestes-bellica.com  ) Un Détachement de la violente «Polizeischutztruppe» des envahisseurs coloniaux allemands dans le Cercle de Misahöhe (Crédit: Deutsches Kolonialarchiv)

 

La Riposte guerrière ne s’était pas faite attendre: le petit Tam-tam sacré appelé «Séʋú» avait retenti à Kebo-Toé et à Kebo-Dalavé pour appeler à la Mobilisation générale!

Le Code de Communication à travers le Rythme à deux Tons (Ton bas et Ton baut) de ce Tam-tam sacré transmet le Message suivant:

Ɖìkèkè! Àʄé gbégblé!
Hésiter! C’est laisser détruire la Cité!
Ɖìkèkè! Àʄé gbégblé!
Hésiter! C’est laisser détruire la Cité!
Ɖìkèkè! Àʄé gbégblé!
Hésiter! C’est laisser détruire la Cité!
Kpé kplé ɖù!
Arrivez avec Munitions et Poudres à Canon!
Kpé kplé ɖù!
Arrivez avec Munitions et Poudres à Canon!
Kpé kplé ɖù!
Arrivez avec Munitions et Poudres à Canon!

 

Les Vaillantes Populations une fois alertées de loin par ce Tam-tam sacré au son très strident arrivèrent de toutes parts avec tout ce qu’il fallait pour défendre la Cité attaquée: Armes blanches, Armes à feu, Munitions, Poudre à Canon, Potions pour le Conditionnement psychologique et spirituel au Combat, Pouvoirs magiques de toutes sortes pour la Défense et pour la Protection …

  • Les embuscades étaient rapidement tendues à des points stratégiques et la Défense de la Cité contre l’Ennemi commença d’abord par le déploiement de divers Pouvoirs magiques et incantatoires (Dzòkà et Gbèsà):
  • Des abeilles tueuses (Sonyí) sorties de nulle part s’abattaient sur les assaillants…
  • Des fourmis dévoreuses (Zãnuvɔɛ) sorties de nulle part avaient envahi les assaillants dans leurs vêtements …
  • Des serpents venimeux (Davɔɛ) sorties de nulle part mordaient les assaillants …
  • Les démangeaisons sur la peau comparables à celles provoquées par les fruits secs de la Plante dénommée «Tsakpé» (Nom scientifique en Latin: Mucuna occidentalis) affectaient subitement et miraculeusement certains assaillants dans leurs vêtements…
  • Certains assaillants devenus subitement étourdis et hébétés sous l’influence de certains Pouvoirs magiques tels que «Gòlò» et «Kpɔm gãã mayi» ne pouvaient plus combattre…

Ceux des assaillants qui devaient mourir dans leur fuite en raison des piqûres d’abeilles ou en raison des morsures de serpent avaient connu leur sort …

Ceux qui ne pouvaient plus fuir en raison des démangeaisons des fourmis dévoreuses ou en raison de l’effet de «Tsakpé» (Mucuna occidentalis) étaient gravement blessés soit à l’Arme blanche ou soit à l’Arme à feu …

Il n’est pas rare de retrouver jusqu’aujourd’hui des ossements de certains de ces assaillants tombés dans certains champs non loin du village de Kebo-Toé

Otto Wöckel et les siens ayant compris enfin la farouche Détermination des Toéens et des Dalavéens à défendre leur Terroir avec tous les moyens visibles et invisibles, n’avaient plus jamais osé envoyer encore une expédition punitive à Agu-Kebo-Toé jusqu’à l’éclatement de la Première Guerre Mondiale en Août 1914.

Convaincu de cet Héroïsme des Toéens et des Dalavéens dans la Défense de leur Terroir avec tous les moyens, Otto Wöckel sollicita ces communautés à venir les défendre (lui et ses collaborateurs) lorsqu’ils s’étaient retranchés dans leur résidence à «Vekli Kɔdzi» face à l’avancée des Troupes du «Gold Coast Regiment» (voir-image ci-après) sous le commandement du Capitaine britannique (devenu plus tard Lieutenant-Colonel) Frederick Carkeet Bryant.

 

Carte des Mouvements de Troupes franco-britanniques dans le Sud-Togo durant la Première Guerre Mondiale en Août 1914 (Crédit: Yves Marguerat) Le Lieutenant-Colonel Bryant dont les Troupes avaient donné l’assaut à la résidence d’Otto Wöckel à « Douglas Hof » (Crédit: www.spink.com )
Un Détachement du «Gold Coast Regiment» durant la Campagne militaire franco-britannique contre les Troupes Allemandes au Togo en Août 1914. (Crédit: Byron Farewell/ https://graham64.wordpress.com  )

Les vaillants Guerriers de Kebo-Toé et de Kebo-Dalavé n’avaient pas jugé opportun de se mêler à un affrontement armé entre différentes Factions d’envahisseurs coloniaux européens qui se battaient pour un Pays avec lequel ces derniers n’avaient aucun Lien ancestral et s’étaient alors sagement abstenus.

Otto Wöckel et les siens étaient faits prisonniers en Août 1914, conduits à Lomé puis à Gléhoué (Ouidah au Bénin actuel) pour être finalement expulsés vers l’Allemagne où il mourut plus tard des suites des mauvais traitements subis durant sa captivité franco-britannique.

À la suite du second partage de la colonie allemande du Togoland en 1919, tout le Grand Kloto (y compris le Mont Agu) passa sous l’administration coloniale française. La société agro-industrielle allemande «Agu-Pflanzungsgesellschaft» ainsi que la résidence privée «Douglas Hof» (ou «Vekli Kɔdzi» en Eʋegbe) passèrent alors aux mains des envahisseurs coloniaux français que les Populations de Kebo-Toé et de Tavié n’avaient jamais cessé de harceler vivement pour reprendre leurs vastes Domaines fonciers frauduleusement arrachés quelques années plus tôt par les envahisseurs coloniaux allemands.

Au regard de ce récit épique, il est inexact de croire que les Agressions et les Brutalités exercées injustement par les hommes d’Otto Wöckel contre les Populations de Kebo-Toé seraient motivées par la recherche d’une prétendue «graisse humaine» que les Populations de Kebo-Toé utiliseraient lors des Cérémonies d’intronisation des Chefs coutumiers et des Notables.

L’histoire totalement farfelue et surréaliste de «graisse humaine» avait été un Alibi mensonger inventé par Otto Wöckel et les siens pour justifier leur expédition punitive et diaboliser injustement les Us et Coutumes du Terroir, comme certains missionnaires allemands malhonnêtes et mal intentionnés l’avaient fait aussi, dans l’unique but de créer un sentiment d’auto-victimisation et un Complexe de «Créature sauvage» chez les personnes à abêtir sous l’emprise de la sulfureuse religion chrétienne nouvellement introduite soit par la Ruse sournoise et mensongère ou soit par la Brutalité inouïe.

Ce canular autour d’une prétendue «graisse humaine» utilisée pour l’intronisation des Chefs coutumiers et des Notables a tellement empoisonné et abêti l’esprit de certaines personnes du Terroir de Kebo-Toé qu’ils veulent toujours continuer de tout diaboliser, en considérant toujours que les Cérémonies d’intronisation et les Rites ancestraux qui leur sont associés relèvent de «pratiques diaboliques ou primitives» (sic!), sans même se rendre à l’évidence qu’il y a des Similitudes très frappantes entre ces Cérémonies africaines d’intronisation avec les Rites qui les accompagnent et ceux qu’on observe jusqu’aujourd’hui dans la Royauté britannique par exemple qui se réclame pourtant de la chrétienté aussi!

Le vrai Motif des Confrontations héroïques des Toéens avec les Colons allemands et leurs sous-fifres nègres entre 1895 et 1907 ne concernait donc aucunement des «pratiques diaboliques avec de la graisse humaine» (sic!), mais tournait plutôt autour de deux Ressources vitales principales:

  1. Les Eaux douces du Mont Agu sur lesquelles les colons allemands tentaient de faire main basse;
  2. Les Terres très fertiles des Versants et des Vallées du Mont Agu que ces colons avaient préalablement arrachées de façon frauduleuse aux Collectivités autochtones.

Bibliographie:

  1. AHADJI, Yaovi Ametepe Valentin: Les plantations allemandes au Togo et leur évolution de 1884 à 1939. Thèse de Doctorat d’État en Études Germaniques, Université de Paris VII, 1996.
  2. BAUMANN, Oskar: Afrikanische Skizze. Berlin: Dietrich Reimer Verlag, 1900.
  3. GRUNER, Hans: Vormarsch zum Niger. Memoiren des Leiters der Togo-Hinterlandsexpedition 1894/95. (Édité et publié par SEBALD, Peter dans la Collection «Cognoscere», Tome 4), Berlin-Ost, 1997.
  4. HORNBERGER, Christian: Das Ewe-Gebiet an der Sklavenküste von West-Afrika. In: Mitteilungen aus Justus Perthes’ Anstalt über wichtige neue Erforschungen auf dem Gesamtgebiete der Geographie, Band 13, 1867. (Série de Publications scientifiques connues aussi sous l’appellation «Petermanns geographische Mitteilungen»).
  5. KOERT, Willi: Über die Wasserverhältnisse in Süd-Togo. In: Mitteilungen an die geologische Zentralstelle der deutschen Schutzgebiete. Band XVIII, 1905.
  6. KOERT, Willi: Zur Landeskunde von Togo. In: Amtsblatt des Schutzgebietes Togo, 1906.
  7. MARGUERAT, Yves: La Guerre d’Août 1914 au Togo. Histoire militaire et politique d’un épisode décisif  pour l’identité nationale togolaise. (Collection « Patrimoines » N° 14). Lomé: Presses de l’UL, 2004.
  8. SCHLEGEL, B.: Beitrag zur Geschichte, Welt- und Religionsanschauung des Westafrikaners, namentlich des Eweers. In : Monatsblatt der norddeutschen Missionsgeselleschaft. Bremen 8 (94), Oktober 1858 (pages 406 – 408)
  9. SEBALD, Peter: Eine Geschichte der deutschen «Musterkolonie» auf der Grundlage amtlicher Quellen. Berlin: Akademie-Verlag, 1988.
  10. SEBALD, Peter: Die deutsche Kolonie Togo 1884 – 1914. Auswirkungen einer Fremdherrschaft. Ch. Links Verlag, 2013.
  11. SCHREIBER, Anton W.: Die Negerseele und ihr Gott. In: Flugschriften der Hanseatisch-Oldenburgischen Missionskonferenz. Bremen, 1907.
  12. SPIETH, Jakob: Die Ewe-Stämme. Material zur Kunde des Ewe-Volkes. Berlin: Reimer Verlag, 1906.

 

© K. Kofi FOLIKPO, PYRAMID OF YEƲE , Juillet 2024.